Services en ligne/Héberger des fichiers

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L’hébergement de fichiers en ligne peut remplir deux fonctions, parfois cumulatives :

  • il permet de conserver des sauvegardes censément pérennes ;
  • il vous permet de partager des fichiers volumineux avec d’autres personnes.

Hébergement à court terme

Inventaire de services existants

Commençons par ce dernier point. Il est rendu nécessaire par le fait que ni les courriers électroniques ni les messageries instantanées n’ont été conçues pour convoyer de grandes quantités de données ; c’est pourquoi l’hébergeur de votre boîte mail pose des limites à la taille des pièces jointes que vous pouvez envoyer (20 Mo chez Outlook ; 25 Mo chez Orange, Free, Gmail, Yahoo, ProtonMail ; 50 Mo chez GMX). La parade à cette limitation est de “téléverser” (“upload” en anglais) votre fichier sur le Web, et d’envoyer tout simplement à vos correspondants un lien permettant de le récupérer.

De nombreux services d’hébergement temporaire existent : il vous faut aller sur leur site Web avec votre navigateur, sélectionner votre fichier à envoyer, attendre (parfois fort longtemps) que l’envoi s’accomplisse sans fermer la fenêtre ni l’onglet en question, puis enfin copier le lien obtenu pour le faire parvenir à vos correspondants (que ce soit par courriel, messagerie instantanée ou tout autre moyen), lesquels disposeront d’un laps de temps limité pour récupérer votre fichier.

Les services suivants proposent actuellement une version gratuite et sans inscription, avec évidemment quelques limites pour vous inciter à utiliser leur version payante :

Des services tels que Wormhole.app et Securesha.re permetttent d’héberger des fichiers éphémères en les chiffrant de bout en bout, s’engageant ainsi à ce que nul autre ne puisse les lire.

Le site JustBeamIt (plutôt bien accessible) propose de transférer votre fichier directement avec une autre personne visitant la même page, sans que les données ne transitent par un serveur tiers (procédé que l’on nomme “pair-à-pair” et sur lequel nous reviendrons dans un futur guide).

Le site TeraShare mérite également une mention particulière, en ce qu’il permet soit d’envoyer des fichiers jusqu’à 10 Go de façon traditionnelle, soit au-delà et potentiellement sans limite, de pair à pair.

Comme vous pouvez le constater, l’accessibilité n’est la priorité d’aucun de ces services ; les services français et francophones sont à ce titre particulièrement navrants. Nous avons contacté fromSmash, GrosFichiers, MeeroDrop et SwissTransfer en leur fournissant un rapport documenté et une piste concrète de remédiation – sans effet à ce jour.

Alternatives

Fort heureusement, des altenatives Libres existent à ces systèmes. Vous en trouverez chez de nombreux Chatons, notamment :

Ces services reposent pour la plupart sur les logiciels Libres Firefox Send (voir plus bas), Jirafeau ou surtout Lufi, dû au programmeur français Luc Didry et à l’équipe de Framasoft. Ces instances, toutes gratuites, sont très accessibles et simples ; toutefois leurs administrateurs y mettent généralement des limites assez notables (1 à 2 Go, pour 7 à 30 jours maximum).

Un autre logiciel Libre, Filebin, propose sur son site de démonstration une taille théoriquement illimitée, pour une semaine maximum.

Intégration avec Thunderbird

Puisque l’hébergement temporaire de fichiers permet de contourner une limitation des courriels, le client de messagerie électronique Thunderbird a tenté d’intégrer de tels services pour les proposer dès la rédaction d’un message, sans requérir d’ouvrir le navigateur Web dans une autre fenêtre. Il s’agit de la fonction que Thunderbird nomme “filelink”, qui vous propose automatiquement de basculer vers un hébergement Web si elle détecte des pièces jointes trop lourdes. La configuration de cette fonction se trouve à la fin de la rubrique “Rédaction” dans l’onglet “Préférences” ; annoncée en fanfare en 2012, elle est toutefois devenue d’une utilité plus que douteuse au fil du temps :

  • AUCUN des nombreux services dans la liste précédente ne prend en charge la fonction filelink ni l’intégration dans Thunderbird.
  • Les deux services avec lesquelles elle était livrée à l’origine (YouSendIt et Ubuntu One) ont disparu en 2013 et 2014.
  • Le très célèbre service WeTransfer, avec lequel Thunderbird a triomphalement annoncé un partenariat en 2019, a discrètement passé ledit partenariat à la trappe quelques mois plus tard.
  • Plus embarrassant encore, le service “Firefox Send” créé (là aussi en fanfare) par la fondation Mozilla en 2019, a été abandonné sans fleurs ni couronnes par la même fondation Mozilla au bout d’un an et demi.

Non que la fonction “filelink” ait disparu : elle est cependant aujourd’hui entièrement tributaire d’extensions à ajouter soi-même dans Thunderbird, et parmi lesquelles le choix est fort restreint. Il s’agit surtout de services nécessitant un compte, tel que Dropbox, Box.com ou Nextcloud, sur lesquels nous reviendrons plus bas ; il reste néanmoins quelques possibilités prometteuses, avec une extension pour le service gratuit (et même Libre) Plik, créé par l’ingénieur français Charles-Antoine Mathieu, et une autre initiative cherchant à édifier de nouveaux serveurs dans la lignée du défunt “Firefox Send”.

Quoi qu’il en soit, les mésaventures de Thunderbird montrent éloquamment l’impermanence des services d’hébergement de fichiers en ligne, qui peuvent disparaître du jour au lendemain à la merci d’impondérables financiers ou juridiques.

Hébergement à long terme

Promesses et risques

Ce dernier point nous amène au cas beaucoup plus épineux de l’hébergement de fichiers à long terme. En tant qu’outil de sauvegarde, il offre l’espoir de conditions matérielles plus pérennes que votre cadre de vie ne le permettrait (votre chat fait tomber votre disque dur externe ; votre clé USB prend l’humidité et se retrouve inopinément illisible,…). Pour autant, il n’y a aucune différence technique de principe entre une sauvegarde personnelle et la mise en commun avec d’autres personnes -- au grand dam de certains industriels de produits culturels, puisque cette dernière forme d’usage ouvre également la porte au contournement des droits d’exploitation parfois désigné sous le terme de “piratage”.

En 2012, le gouvernement américain, sur ordre de producteurs cinématographiques, a ainsi fait main basse sur le site d’hébergement “MegaUpload” et détruit, hors de tout cadre légal, ses quelques 26 millions de giga-octets, parmi lesquels effectivement une large majorité de copies non-autorisées de produits culturels, mais aussi les données personnelles de dizaines de millions de personnes (notamment des chercheurs qui perdirent ainsi irréparablement des masses de données scientifiques). Une nouvelle version du site a d’ailleurs fait son apparition à peine douze mois plus tard (et ce malgré la séquestration, sous des motifs légalement douteux, de son fondateur). Disponible à l’adresse https://mega.io/, elle est aujourd’hui réputée pour la qualité de son chiffrement et de sa confidentialité.

Un autre incident survenu deux ans plus tard met en lumière un autre danger des sauvegardes en ligne : en 2014, plusieurs centaines de célébrités américaines (en particulier des actrices) ont eu l’extrême désagrément de voir soudain leurs photos intimes (et parfois très compromettantes) circuler un peu partout sur le Web. Toutes en possession de téléphones de marque Apple, elles n’avaient pas réalisé que leur “iPhone” effectuait automatiquement des sauvegardes en ligne sur le service “iCloud” d’Apple… Ouvrant ainsi la possibilité à des intrus d’y accéder en obtenant leur mot de passe. Comme tous les spécialistes de sécurité le savent : dès lors qu’une porte existe, c’est qu’il possible d’entrer.

Tour d’horizon

À l’exception de Facebook, chacune des plus grosses entreprises d’informatique propose un service d’hébergement :

  • Google avec son service Google Drive ;
  • Apple avec son service iCloud, que nous avons mentionné ;
  • Microsoft avec son service One Drive ;
  • Amazon avec Amazon Drive et Amazon Web Services/S3.

On peut y ajouter d’autres sociétés telles que DropBox, Box.com, hubiC, ElephantDrive, CloudMe, Mega (ce dernier présentant la particularité de s’engager à chiffrer vos fichiers de bout en bout, et à n’en avoir jamais connaissance).

Dans tous ces cas, il s’agit de services commerciaux proposant une version gratuite avec quelques limites. Ce modèle est similaire aux services d’hébergement à court terme évoqués précédemment, la différence principale étant que dans le cas de tous ces services de sauvegarde à long terme il est requis de se créer un compte et notamment de fournir une adresse courriel (voire également, de plus en plus souvent, un numéro de téléphone cellulaire dans le cadre de la “double authentification”).

Alternatives

L’alternative Libre par excellence à tous ces services est Nextcloud, un outil d’hébergement de fichiers pourvu de nombreuses fonctions avancées (partage sélectif, historique des versions, modification en ligne des documents texte, etc.), ainsi que d’une intégration avec de nombreux autres outils, fournis par défaut (agenda, contacts) ou ajoutables sous forme d’extensions (notes, actualités, gestion de projet, vidéo-discussion, etc.). Son interface web est fort complète et correctement accessible au clavier ; toutefois une façon plus aisée de l’utiliser est souvent d’intégrer Nextcloud dans d’autres programmes.

Ainsi, il est par exemple possible d’installer un client de synchronisation (s’ajoutant dans votre barre de miniatures) et une extension à votre gestionnaire de fichiers, qui fait que vos documents sauvegardés (ou partagés) sur le serveur apparaissent dans un dossier comme un autre, et que la version en ligne se mette à jour automatiquement dès que vous modifiez ou déplacez l’un des fichiers contenus dans ledit dossier.

Une alternative récente à Nextcloud est apparue plus récemment sous le nom de Seafile, plus légère et plus rapide, elle ne possède cependant pas toutes les possibilités d’extensions de son prédécesseur (et n’est actuellement proposée par aucun des “chatons”).